La France compte, chaque année, près de 60.000 faillites et des centaines de milliers d’entrepreneurs en difficultés économiques, financières et juridiques. La loi PACTE (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises) de 2019 consacrait un volet à ce problème, devenu encore plus aigu avec la crise sanitaire. L’un des principaux enjeux à résoudre repose notamment sur la nécessaire modification du logiciel culturel des Français face à l’échec entrepreneurial, qui est souvent vécu comme une marque d’infâmie dans notre pays. Or, au lieu d’être stigmatisés, les patrons de TPE ont besoin, au contraire, d’accompagnement financier et humain lorsque leur entreprise traverse une période de fortes turbulences (ex. : chiffre d’affaires en baisse, factures impayées, perte d’un client important, départ d’un homme clef). Quelques premiers conseils peuvent ainsi être prodigués aux chefs d’entreprise confrontés à ce type de situation :
- Eviter le déni et admettre la réalité de leurs difficultés ;
- Ne pas attendre qu’il soit trop tard et parler le plus tôt possible de leurs difficultés ;
- Ne pas s’isoler et chercher à se faire aider par des professionnels compétents ;
- Se remettre en question et être réceptifs aux conseils formulés par les experts rencontrés ;
- Ne pas faire l’autruche et aller au-devant de leurs créanciers de façon proactive.
Il apparaît, à ce titre, qu’un véritable écosystème de spécialistes (ex. : experts-comptables, avocats, juges consulaires, administrateurs judiciaires, mandataires judiciaires, CIP, associations spécialisées) s’est créé, au fil du temps, autour de ce phénomène de la difficulté entrepreneuriale. Très souvent, celui-ci reste néanmoins assez méconnu des entrepreneurs en difficulté. Nous cherchons ainsi à offrir une vision synoptique – forcément simplifiée – de cet écosystème, que nous résumons sous la forme d’une cartographie interactive. Cet outil a été réalisé en interviewant des partenaires du projet de recherche Banque & Entrepreneurs en Rebond (BEER), soutenu par le Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine, la Banque Populaire Aquitaine Centre Atlantique, le cabinet d’expertise-comptable ERECApluriel, l’association Entraide & Entrepreneurs et deux laboratoires de recherche de l’université de Bordeaux (l’IRGO et l’IRDAP). Le contexte retenu ici est celui de la région Nouvelle-Aquitaine, mais la cartographie reste évidemment transposable à l’échelle nationale, modulo quelques spécificités territoriales.
De plus en plus, les différents acteurs de l’écosystème de l’entrepreneur en difficulté ou post-faillite interagissent les uns avec les autres facilitant ainsi son rebond. A titre d’illustration, 60 000 Rebonds distribue des brochures aux mandataires judiciaires afin qu’ils puissent aiguiller des entrepreneurs ayant subi une liquidation vers l’association. Cette dernière n’hésite pas, par ailleurs, à proposer à certains entrepreneurs post-faillite de se rapprocher d’Apesa s’ils sont en situation de détresse et ne sont manifestement pas encore prêts à se projeter sur un nouveau projet salarial ou entrepreneurial. L’association peut aussi être amenée à réorienter des entrepreneurs vers Entraide & Entrepreneurs si le chef d’entreprise qui la contacte peut encore éviter la liquidation judiciaire. 60 000 Rebonds a également tissé des liens avec le Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine dans le cadre de l’épidémie de COVID-19 afin d’animer la cellule d’écoute et de soutien. D’une façon plus générale, une véritable « chaîne d’aide » se structure peu à peu sur le territoire néo-aquitaine, comme partout en France. Notre cartographie vise précisément à en dessiner les premiers contours.
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