L’association Entraide & Entrepreneurs basée à Bordeaux , propose, quant à elle, un accompagnement au long cours – sur plusieurs mois – pour les entrepreneurs confrontés à des difficultés mettant en péril leur entreprise. Destinée aux entrepreneurs employant moins de 25 salariés, elle permet de compléter utilement l’unité « Entreprises en retournement » du Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine (cf. supra).


En pratique, le patron de TPE ou de PME est confié à un binôme constitué par un coach certifié et un expert métier – appelé« parrain » – choisi en fonction des spécificités du secteur d’activité de l’entreprise. Le parrain apporte à son filleul un éclairage quant aux décisions à prendre pour sauver son entreprise (ex.: actions correctives immédiates). Le suivi du chef d’entreprise est supervisé par un comité de parrainage et un coach référent. Le dirigeant est donc accompagné tant sur le plan psychologique – une dimension occultée par la plupart des dispositifs évoqués précédemment- que sur le plan technique, à travers une équipe de bénévoles multidisciplinaire (chefs d’entreprise.juristes, financiers, RH, marketeurs, etc.) permettant d’aborder toutes les problématiques concrètes de l’entreprise.
Au-delà d’un accompagnement général de l’entrepreneur, l’association joue aussi un rôle d’information sur l’environnement judiciaire (Tribunal de commerce, administrateurs, mandataires, etc.) afin d’aider les dirigeants à anticiper au mieux leurs décisions futures. Certains bénévoles intervenant pour le compte d’Entraide & Entrepreneurs ont pu, par le passé, surmonter des échecs entrepreneuriaux, ce qui renforce leur légitimité aux yeux des bénéficiaires. La relation de base étant fondée sur l’écoute, il est souvent plus naturel, pour un entrepreneur en difficulté, de se tourner vers ce type de structure que vers le Tribunal de commerce, ses créanciers, voire même ses conseils de proximité. Une association telle qu’Entraide & Entrepreneurs est effectivement centrée sur la personne physique, alors qu’un expert-comptable ou un avocat, par exemple, ont pour client la personne morale. Or, la difficulté entrepreneuriale mêle souvent, de façon très étroite, des difficultés personnelles et professionnelles.


Malgré les différents outils à disposition de l’entrepreneur en difficulté, celui-ci ne peut pas toujours éviter la liquidation judiciaire. La pandémie de COVID-19 annonce d’ailleurs une vague de faillites retentissantes, en France comme à l’étranger. Plusieurs associations ont vu le jour, ces dernières années, pour aider l’entrepreneur à rebondir après avoir mis la clé sous la porte. C’est le cas notamment de 60 000 Rebonds, Re-Créer, Second Souffle, et SOS Entrepreneurs. Ces associations jouent un rôle crucial car un chef d’entreprise contraint à la liquidation traverse des moments particulièrement difficiles, au point que l’on parle souvent du syndrome des« 3D » (dépôt de bilan, dépression, divorce) pour les individus ayant connu une faillite professionnelle.
Présent aujourd’hui dans 26 villes françaises, 60 000 Rebonds a notamment vu le jour, à l’origine, à Bordeaux et est largement reconnu localement. L’entrepreneur peut être accueilli par l’association jusqu’à 24 mois après sa liquidation judiciaire (pas avant). A l’instar d’Entraide & Entrepreneurs, il fait l’objet d’un double accompagnement. D’une part, il est suivi par un coach certifié (à travers sept séances), qui lui permet de reprendre en confiance et de faire le deuil de son échec passé. D’autre part, un parrain – un chef d’entreprise ayant parfois lui-même rebondi après un échec – l’aide à retrouver un emploi salarié ou à recréer un nouveau projet entrepreneurial.
60 000 Rebonds propose également des ateliers de cc-développement à ses bénéficiaires. De plus en plus, les mandataires judiciaires, ayant procédé à la liquidation de l’entreprise, n’hésitent pas à orienter les chefs d’entreprise vers cette association.


En cas de souffrance psychologique particulièrement aiguë, les entrepreneurs post-faillite peuvent enfin compter sur le dispositif Apesa.
Ainsi, des « sentinelles » formées au sein des Tribunaux de commerce (ex. : juges, greffiers, mandataires judiciaires) vont – avec l’accord du chef d’entreprise – lancer l’alerte et passer le relais, en toute confidentialité, aux psychothérapeutes de l’association pour un soutien d’urgence à travers cinq séances gratuites. L’association s’attache aussi, depuis quelque temps, à sensibiliser et à former l’entourage professionnel direct du chef d’entreprise (ex.: experts-comptables, avocats).
A travers son action, Apesa permet ainsi de prévenir le risque suicidaire et donne finalement à la personne l’énergie suffisante pour se tourner ensuite vers une association telle que 60 000 Rebonds, par exemple.