L’administrateur judiciaire est, non seulement un spécialiste des entreprises en difficulté, mais aussi un praticien expert des procédures amiables et collectives.


Très souvent, l’entrepreneur en difficultés ignore qu’il peut se tourner directement vers ce professionnel, auprès duquel il pourra obtenir un rendez-vous gratuit.
Les administrateurs judiciaires travaillent, eux aussi, dans des cadres préventifs, lorsque la difficulté du chef d’entreprise est encore dans une phase amont. Ils peuvent ainsi recevoir le patron de TPE et faire un diagnostic objectif de la situation sur la base des documents transmis (ex. : pièces comptables, prévisionnel d’activité).
A l’instar des juges consulaires, ils pourront également l’orienter vers les procédures amiables adéquates, en lui expliquant en détail ce qui va se passer dans chaque cas. Sur ce plan, son principal enjeu est de dédiaboliser de telles procédures. Lorsqu’ils sont désignés en tant que mandataires ad hoc ou conciliateurs par le président du Tribunal de commerce, leur mission consistera alors à jouer le rôle de tiers assistant le dirigeant dans la restructuration de l’entreprise. S’ils estiment que la situation de l’entreprise n’est pas irrémédiablement compromise (car ils engagent leur crédibilité auprès de l’écosystème), ils vont principalement renégocier avec les différentes parties prenantes publiques et privées de l’environnement économique afin d’obtenir de l’argent et/ou du temps.
Par rapport au chef d’entreprise, l’administrateur judiciaire a souvent l’avantage de bien connaître les interlocuteurs clefs au sein des différents créanciers (ex. : service affaires spéciales des banques, pôle amiable de l’Urssaf), avec lesquels une confiance mutuelle existe. Par conséquent, même si rien ne peut être dicté aux organismes et aux partenaires commerciaux de l’entreprise présents à la table des négociations, il n’est pas rare qu’il obtienne des délais de paiement, voire des remises, plus favorables que ce qu’aurait pu obtenir l’entrepreneur en agissant seul. En effet, ce qui va être imposé judiciairement aux créanciers dans le cadre de procédures collectives est généralement beaucoup plus rude que ce qui leur est demandé via un règlement amiable . Dès lors, ils ont souvent intérêt à accepter ce qui leur est proposé dans ce cadre-là.


A travers ce dispositif, l’entrepreneur en difficultés sort donc de son isolement et travaille – parfois pour la première fois – en équipe, en se voyant proposer des solutions concrètes. Pour autant, l’administrateur judiciaire ne s’immisce pas dans la gestion de l’entreprise et le dirigeant reste seul à la tête de son entreprise pendant toute la durée de la procédure amiable.

En définitive, le rôle de l’administrateur judiciaire est de rendre le dirigeant acteur de sa sortie de crise et de ne pas subir les procédures amiables ou collectives. Or, en règle générale, force est de constater que les chefs d’entreprise les endurent, plutôt qu’ils ne les choisissent. D’ailleurs, les administrateurs judiciaires sont souvent contactés trop tardivement, là où une attitude davantage proactive des entrepreneurs en difficulté favoriserait leur rebond.